Crise porcine Bruxelles opposé au rétablissement des aides à l'exportation
La Commission européenne s'est opposée lundi à l'idée, soutenue par des pays comme la France et la Pologne, de réintroduire des aides à l'exportation pour les éleveurs de porcs en Europe, confrontés à une crise sévère du fait de l'euro fort et des prix élevés des céréales.
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"Cela enverrait un mauvais signal aux éleveurs" qui seraient ainsi encouragés à produire encore davantage alors qu'il leur faudrait au contraire réduire les volumes pour s'adapter à la demande, a déclaré à la presse la Commissaire européenne à l'Agriculture Mariann Fisher-Boel. "Je suis très réticente à utiliser un tel outil", a-t-elle ajouté lors d'un conseil agricole européen à Luxembourg.
Le système des "restitutions à l'exportation" n'a plus été utilisé dans le secteur porcin en Europe depuis une trentaine d'années. Il consiste à aider les éleveurs à exporter leurs produits hors de l'UE en compensant la différence entre les prix mondiaux et ceux garantis au sein de l'Union européenne. Le secteur est actuellement confronté à crise de surproduction qui fait chuter les cours (ils ont baissé de 11% environ en un an).
En parallèle les éleveurs doivent subir l'envolée des prix des fourrages pour leurs animaux, du fait de la hausse des cours des matières premières agricoles. Et pour ne rien arranger "ils sont désavantagés par le dollar très faible" sur les marchés mondiaux des changes, qui rend leurs produits proportionnellement plus chers, a reconnu Mme Fisher-Boel.
La Commissaire veut toutefois attendre de connaître l'impact d'une première mesure décidée récemment par Bruxelles à l'attention du secteur. La Commission a décidé de débloquer des aides au "stockage privé" des éleveurs. Ceux-ci sont ainsi encouragés à mettre de côté leur viande invendue dans des entrepôts frigorifiques en attendant que les cours se redressent. Ces opérations de stockage permettent aussi de limiter l'offre sur le marché et donc en principe de freiner la chute des cours.
La France, la Pologne et l'Irlande notamment ont réclamé lundi à Luxembourg des soutiens à l'exportation. Mais d'autres pays, de tradition plus libérale comme les Pays-Bas et le Danemark s'y sont opposés, selon une source européenne. Le ministre français de l'Agriculture Michel Barnier a parlé "problème très grave", estimant que les éleveurs étaient confrontés à un phénomène d'"étranglement" sur leur marché. A l'appui de sa proposition de réactivation des aides à l'exportation, il a fait valoir que 30% de la production porcine française était vendue à des pays hors de l'UE, en particulier la Russie, le Japon et la Corée du Sud. M. Barnier vient d'annoncer en France une aide d'urgence de 2,5 millions d'euros pour les producteurs de porcs, qui ont commencé à se mobiliser dans l'ouest du pays où une grande partie de la production porcine est réalisée.
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